Un chef d’œuvre, intitulé « Elvis Gratton, le king des kings », plein d’humour et de messages aux Québécois. Je partage avec vous la description et l’analyse de cette œuvre en espérant ouvrir votre appétit pour voir le film.
Film: Elvis Gratton.
Synopsis
Synopsis :
Elvis Gratton, un Québécois passionné du chanteur Elvis Presley dont il remporte le concours d’imitation qui lui permet de gagner un voyage à la république fictive de « Santa Banana ». Lui et sa femme y passent une semaine sous les tropiques.
De retour au Québec, il est décidé à promouvoir les valeurs morales au sein de sa société.
Mais, ayant pris du poids, il a du mal à enfiler ses vêtements de scène et finit par s’effondrer au cours d’un spectacle.
Analyse
Ce film est la consolidation de 3 courts métrages réalisés par Pierre Falardeau : « Elvis Gratton » (1981), « Les vacances d’Elvis Gratton » (1983), « Pas encore Elvis Gratton » (1985).
Le film ainsi consolidé et intitulé « Elvis Gratton : le king des kings » vise, via un personnage exubérant, à ridiculiser, avec humour, les fédéralistes canadiens.
Bob Gratton (personnage principal), interprété par Julien Poulin, a une passion pour Elvis Presley et il un de ses principaux buts dans la vie, c’est de devenir le meilleur imitateur du chanteur américain.
Au-delà de l’humour et d’une certaine vulgarité, le film de Pélardeau multiplie les messages symboliques véhiculés par les principales scènes du film, comme par exemples :
--La scène de la séance photo où l’on voit Elvis Gratton, tout vêtu de rouge, devant un décor où domine le rouge, invectiver les pauvres, les étudiants, les syndicalistes, etc. Le photographe, lui, à l’inverse, est habillé de bleu devant un décors tout bleu, se contente de répondre : « C’est ça, mon Bob, un peu plus à droite (en référence à son discours « droitiste »);
--Une autre scène significative : Lorsqu’il apprend que, dans le concours des « Elvis », il y a un candidat qui s’appelle Elvis Wang, il devient furieux et il laisse libre court à sa xénophobie et à son hostilité des séparatistes :
* « Elvis Wang, un chinois !!!, encore un autre qui vient voler nos jobs! »;
* « Un vrai canadien français, un peureux, un jaloux, un paresseux, un mange-mardes »;
* « C’est fini ça, les séparatistes, il va falloir les mettre au pas « eux autres » et leurs schums les profs qui endoctrinent dans les écoles … »;
* « Loi 101, c’est pas eux autres qui vont m’empêcher d’inscrire mes enfants dans une école anglaise, si je veux, OK! »;
* « Faire vivre les chômeurs puis les assistés sociaux avec l’argent de mes taxes, s’ils en veulent des jobs, il faut arrêter de cracher sur les entreprises américaines qui veulent investir ici »;
Mais la scène la plus significative des objectifs du film, c’est celle qui se situe dans l’avion. Quelqu’un demande à Bob Gratton : « Pardon, vous êtes canadien? Vous avez l’accent! », qui se lance alors dans une véritable tirade identitaire :
« Moé, j’t’un canadien français, un canadien-français, un américain du Nord français, un francophone québécois canadien, un Québécois d’expression canadienne française française, on est des canadiens américains francophones d’Amérique du Nord, des franco-québécois … »;
« On est des franco-canadiens du Québec, des Québécois canadiens, c’est ça! »
-
Ce film a été réalisé au lendemain du référendum sur l’indépendance, dans un moment de grande dépression. Pour Pierre Falardeau, dans cette situation, « la seule possibilité, c’était de vomir! »; ce qui explique la relative vulgarité dérangeante de cette œuvre où Bob Gratton incarne le Québécois moyen, en quête d’identité et qui éprouve de grandes difficultés à s’émanciper.